1950. La photographe Françoise Huguier, alors âgée de huit ans, grandit à Krek (Cambodge) où son père dirige une plantation d’hévéas. La petite fille et son frère vivent une enfance insouciante dans une Indochine que troublent les prémisses des guerres d’indépendance.
La soirée du 12 août est festive ; un bal est donné dans une plantation voisine et, pendant que les enfants s’apprêtent à regarder un western, les parents esquissent les premiers pas d’un be-bop... Soudain, des tirs d’armes automatiques déchirent l’obscurité alentour : l’attaque du commando Viêt-minh est fulgurante. Dans la confusion et les râles d’agonie, la petite Françoise et son frère sont capturés par les assaillants qui se replient vers le Mékong. Commence alors l’éprouvante aventure de deux enfants otages, traversant à marche forcée rizières et jungle, bivouaquant parmi les sangsues et les hommes en armes avant de connaître l’enfermement dans un camp où leur sont délivrés redressement idéologique et formation révolutionnaire... En janvier 1951, soit huit longs mois plus tard, Françoise et son frère sont libérés et remis à leurs parents. 2003. Après des années de reportage et d’intense activité professionnelle, la photographe décide de retourner au Cambodge ; elle revisite les paysages de ses épreuves, les lieux d’une enfance complexe. Sans nostalgie, ni préjugés, Françoise Huguier photographie et documente ce périple à rebours en quête de souvenirs, de témoignages mais aussi de visions intimes d’un pays profondément aimé.